À 26 ans, Yann SCHRUB, l’athlète de l’ASSA (Athlé Sports Sarreguemines Arrondissements), a décroché dimanche soir (le 21 août dernier) une superbe médaille de bronze aux Championnats d’Europe d’Athlétisme de Munich, sur la distance du 10 000 m. Le Sarregueminois, qui mène de front de brillantes études en médecine et sa carrière d’athlète de haut niveau, vit une saison 2022 exceptionnelle et n’en finit plus d’enchaîner les résultats de premier plan avec l’équipe de France… de bonne augure à moins de 2 ans de Paris 2024 !
Dans quel état d’esprit as-tu abordé cette 1ère finale dans un grand championnat ?
Je suis allé à Munich avec l’espoir de faire le plein d’expérience. Expérience humaine tout d’abord, car un grand championnat, superbement organisé, en Allemagne, dans un stade mythique et comble de 55 000 spectateurs passionnés… c’est une aventure incroyable que tout athlète a envie de vivre. Ce temps fort était une première pour moi. Toutes ces émotions, cette effervescence, ces acclamations… c’était magique ! Heureusement, j’ai réussi à garder ma concentration et à mettre de côté toutes ces ondes positives pour en tirer une force durant la course. Côté expérience sportive, je m’attendais à un 10 000 m difficile. Sur la base du record personnel des athlètes présents au départ, j’aurai signé tout de suite pour une place dans le top 8. Là, le podium, avec une fin de course au « coude à coude » avec mon pote Jimmy… c’est un scénario fantastique. C’est un peu un rêve qui se concrétise.
Derrière le petit écran on a eu la sensation d’une vraie course d’équipe avec les bleus...
Oui, nous étions trois Français au départ avec Jimmy GRESSIER et Yoann KOWAL aussi. Jimmy avait prévu d’imprimer un rythme très soutenu dans les premiers kilomètres. Dès le début, il a mené un train d’enfer. Nous étions prévenus et avons pu adapter notre stratégie en conséquence. Au fil des tours, la course est devenue très tactique, avec beaucoup de variation d’allure. Ce rythme un peu bizarre, façon « montagne russe », est très exigeant et fait particulièrement mal aux jambes. Pas mal de coureurs ont fini par craquer. De mon côté, j’ai réussi à maintenir une allure stable et à suivre les meilleurs. À la fin, je sentais que j’avais suffisamment de fraicheur pour tenter ma chance, alors j’ai accéléré. J’ai tout donné jusqu’à la ligne d’arrivée et au final je décroche cette médaille ! Il n’y a pas de secret : les efforts et l’entraînement, ça paye. Merci Dominique et Anthony*.
Ces moments-là sont rares : ils resteront gravés dans ma carrière d’athlète à coup sûr !
Yann SCHRUB
Dès la ligne franchie, on a lu une joie intense sur votre visage… la nuit a dû être courte ?
Quel bonheur effectivement ! Les instants juste après la course étaient incroyables. D’abord, je suis heureux d’avoir pu savourer mon tour d’honneur. J’ai pris mon temps pour mieux profiter de toutes ces émotions qui se mélangent… la joie, la fierté, la surprise, la satisfaction. Le tout, exacerbé par un public en feu qui a été d’un soutien fantastique tout au long de la soirée. Rapidement, je suis allé voir mes proches pour partager ce bonheur. Il y avait aussi Cédric SCHRAMM, toute sa bande et son drapeau. Ces moments-là sont rares : ils resteront gravés dans ma carrière d’athlète à coup sûr !
Ensuite, place aux médias avec notamment l’interview de Nelson MONFORT, un monument du journalisme sportif… encore un souvenir très marquant. Un passage sur le plateau de TV sport, des interviews pour le Figaro, Le Monde, RMC, la remise des médailles, des félicitations de toutes parts… c’est un peu comme un tourbillon qui vous emporte et au final la soirée et la nuit passent en un éclair. À peine le temps de trinquer entre athlètes que le petit matin était déjà de retour ! J’ai dû dormir une heure environ… juste une petite sieste avant le retour sur Paris et un passage dans les locaux du journal L’Équipe avec le reste de la délégation France.
Et maintenant la suite... un peu de repos et ça repart ?
Je vais encore profiter un peu chez moi, et me reposer aussi bien sûr. Je consacrerai une semaine à la récupération où je ne ferai pas grand-chose avant d’enchaîner sur 15 jours de reprise en douceur. J’essayerai d’autres sports je pense, pour m’amuser et recharger les batteries. Ensuite, il faudra se remobiliser pour ne pas rester trop longtemps sur ce petit nuage.
En fin d’année c’est le retour de la saison des Cross avec en ligne de mire les Championnats d’Europe à Turin. Cette discipline me tient à cœur et je ferai tout pour y être performant. Puis en 2023, il y a les Championnats du Monde ! Désormais, avec cette médaille, je sais que j’ai de véritables chances de bien figurer. En plus, les minimas pour ce grand rendez-vous seront à peu près identiques à ceux des prochains JO. Ces mondiaux seront comme une répétition générale : mon grand objectif de l’été prochain, en attendant Paris 2024. Mais pas de précipitation, une chose après l’autre !
* Dominique KRAEMER et Anthony NOTEBAERT sont les entraîneurs de Yann, respectivement à Sarreguemines et à Nancy